La décroissance qui apparait aujourd’hui comme un courant de pensée partagé par les défenseurs de la nature les plus radicaux est le fruit d’une réflexion datant déjà de plusieurs siècles. Des figures célèbres telles que l’écrivain français Albert Camus ou encore l’économiste américain Nicholas Georgescu-Roegen ont théorisé sur la nécessité de la décroissance économique pour éviter l’effondrement de notre civilisation. Ils sont au nombre 50 grands esprits à être présentés dans le livre Aux Origines de la décroissance, sorti en 2017 aux Editions L’Échappée. Focus spécial sur un bel ouvrage collectif consacré aux illustres devanciers du courant de la décroissance.
Un besoin de convaincre et d’intriguer le lecteur
Les résistances sont le socle même de la civilisation industrielle. Des esprits éveillés se sont toujours opposés à l’embourgeoisement des détenteurs des moyens de production et à la liquidation des paysans, ou encore à l’inaction environnementale et à l’emprise des machines sur l’homme.
La remise en cause de l’idéologie du Progrès par les partisans de la décroissance s’inscrit inévitablement dans cette filiation. Dans Aux origines de la décroissance, des spécialistes et experts tentent d’exposer de manière didactique les pensées de 50 figures célèbres à l’encontre du culte du productivisme.
Au moyen de riches citations, aussi emblématiques qu’intemporelles, mais également de références bibliographies éclairantes, le livre entreprend de convaincre les non-initiés ou simplement de piquer leur curiosité. Ouvrage qui devrait avoir sa place dans la bibliothèque de tout intellectuel essayant de penser le monde et la modernité industrielle, Aux origines de la décroissance appelle, de manière générale, à l’adhésion au fondement suivant : il n’y a de richesse que la vie.
Une démystification de la croissance infinie
A sa lecture, résonne aussi une volonté de libération et un véritable cri de liberté : la liberté face au culte de la croissance, face à l’aliénation par la marchandise, face à la foi aveugle en la technologie que nous impose la civilisation industrielle. Albert Camus porte bien cette voix quand il écrit en 1958 : « Je suis avare de cette liberté qui disparaît lorsque commence l’excès des biens ». C’est une idée reprise plus tard, en 1961, dans son ouvrage L’homme révolté dans lequel l’écrivain déplorera que « la productivité, envisagée par les bourgeois et les marxistes comme un bien en elle-même ait été développée dans des proportions démesurées ».